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Nous serions-nous trompés (nous, héritiers de la Grèce, artisans ou praticiens de la métaphysique) en accordant une centralité au phénomène de la voix et en traitant l'écrit comme substitut de celle-ci ? L'erreur qui aurait été commise reçoit chez Jacques Derrida le nom de «phonocentrisme». Derrida ne voulait pas passer pour un archéologue, et la question était celle d'une priorité phénoménologique : du dit ou de la trace écrite, quel est le phénomène le plus originaire ? Mieux vaudrait ne pas raidir la différence. Catherine Pickstock prend pour exemple la prière liturgique, dont la voix fait éclater les limites du texte. Cette voix nous est donnée «après l'écrit», parce que sa présence n'est pas pour l'interprétation. La prise de parole liturgique veut nous offrir les mots dans leur gloire; et en même temps, il n'y a pas de liturgie sans textes liturgiques. Celui qui célèbre est un lecteur, dont la personne est intégrée à la personne d'un autre : in persona Christi. La liturgie offre une alternative théologique au primat naïf de la voix. Elle donne aussi les moyens de critiquer le primat naïf de l'inscrit. Vive et inscrite à la fois, la prière liturgique constitue aussi bien un acte de parole qu'un acte de présence. Celui qui aura lu le livre de Catherine Pickstock s'en convaincra aisément.

Catherine Pickstock enseigne la philosophie et la théologie à l'université de Cambridge (Emmanuel College). Elle a déjà publié Thomas d'Aquin et la quête eucharistique (Ad Solen, 2001), Truth in Aquinas (en collaboration avec John Milbank, Routledge, zool.) et Repetition and Identity (Oxford University Press, 2013).






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