La Croix, c'est moins un événement parmi d'autres, que nous fixerions en notre souvenir et en notre représentation, que la signification profonde de ces événements et de toute la vie du Christ. La Croix, comme principe, principe d'unité et énergie vivifiante, qui domine l'existence christique, c'est l'expression, dans une vie terrestre, du rapport qui constitue, dans la Trinité, la personne même du Verbe ou Fils. Mais cette expression a la nudité du sacrifice total, de ce que Paul appelle la « kénose ». Ou encore, la Croix, c'est la pureté même de ce ad qu'aimait commenter saint Thomas. La pureté d'un dépouillement qui entraîne après lui la diversité des comportements et des actions qui composent, au sens étymologique, le « drame » de Jésus. La mémoire fondamentale, le mémento de l'essentiel, c'est donc la mémoire de la Croix, en tant qu'expression humano-divine du Verbe éternel en son ad constitutif, et cette mémoire se définit à son tour par un ad, c'est-à-dire un « vers » (qui est aussi un « auprès de » - « apud ») « l'être-vers » d'une intentionnalité spécifiée par la Croix ainsi comprise.