Deux mondes - et moi je viens de l'autre.
Derrière dans les rues détrempées derrière dans le brouillard et le déchirement au-delà du chaos et de la raison de portes minuscules et de durs rideaux de cuir, un monde caché au monde, imprégnant le monde, indiciblement ignoré du monde, par le souffle divin un instant suscité, à l'instant effacé, attend la Lumière voilée, le Soleil enseveli, la prodigieuse Fleur. Poésie, liturgie : la vie et l'oeuvre de Cristina Campo (1923-1977) s'enracine dans ces deux aspects, pour elle indissolubles, du langage, où culture et religion, parole humaine et Parole divine s'entremêlent mystérieusement.
Née à Bologne dans une famille où la foi catholique n'est plus vivante, Cristina Campo se convertit en 1964, à Rome, où elle va vivre jusqu'à la fin de ses jours. Sa redécouverte de la foi est en même temps un approfondissement, une réappropriation de la littérature et de la poésie, dont elle va percevoir les oeuvres à la lumière de cette alliance intime, maintenant éprouvée, entre la foi et la culture. Cette alliance, Cristina Campo la verra principalement dans la liturgie. D'abord dans la liturgie romaine, puis, durant la crise de l'après-concile, dans la liturgie byzantine catholique, qu'elle fréquente au collège du Russicum, à Rome. Les deux poèmes publiés dans ce livre, Missa Romana et le Diaire byzantin, suivis d'une Note sur la liturgie, donnent la quintessence de la pensée et du génie de Cristina Campo.